Les étapes du projet du futur musée de la Tapisserie de Bayeux
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Le musée de la Tapisserie de Bayeux, ouvert dans sa forme actuelle en 1983, s’apprête à fermer ses portes au public à partir du 1er septembre 2025. Les travaux d’un projet de redéploiement du site, réfléchi depuis une dizaine d’années entre les quatre partenaires institutionnels que sont l’Etat, la Région Normandie, le Département du Calvados et la Ville de Bayeux, ont d’ores et déjà commencé en janvier, avec comme préoccupation majeure, la préservation de l’un des plus précieux objet patrimonial du XIème siècle, inscrit au registre Mémoire du Monde de l’UNESCO et classé monument historique depuis 1840.
Propriétaire de la Tapisserie de Bayeux, les services de l’Etat mènent, en parallèle des travaux de refonte du musée, un programme de conservation ambitieux autour de la broderie millénaire. C’est ainsi que de vastes opérations ont débuté en janvier 2025, avec le minutieux dépoussiérage de la toile de lin et le retrait de son dosseret technique, un molleton apposé en 1983, qui, bien que protégeant l’œuvre sur son revers, la rigidifiait et l’alourdissait.
L’année 2025 marque le lancement d’un chantier inédit, piloté par la DRAC Normandie et impliquant onze spécialistes du textile ancien, restauratrices et conservatrices, accompagnées par la Fabrique de Patrimoines en Normandie, AMO (assistance à maîtrise d’ouvrage) du chantier. Ce groupe d’experts sera mobilisé tout au long de la prestation qui court jusqu’au retour de l’œuvre dans son futur local, au sein du nouveau musée en 2027.
• Janvier 2025 : Le dosseret, qui protège le revers de la toile, est retiré pour un dépoussiérage complet de la Tapisserie, sur sa face brodée et sur sa doublure au revers. Ces opérations mobilisent des experts en restauration textile, travaillant dans un espace spécialement aménagé pour garantir des conditions optimales de sécurité et de préservation.
• Mars-avril 2025 : Lors d’une fermeture exceptionnelle du musée du 31 mars au 2 avril, la manipulation d’un fac-similé de la Tapisserie va permettre de tester les conditions logistiques en vue de l’extraction de l’œuvre originale, en septembre, hors de sa vitrine actuelle, et son conditionnement en caisse de conservation suivi de son transport vers des réserves temporaires.
• Printemps-été 2025 : des fouilles archéologiques seront conduites sur l’emplacement du futur bâtiment qui accueillera la nouvelle salle d’exposition de la Tapisserie. Prescrites par la DRAC de Normandie elles ont pour objectif de mieux connaître ce site historique qui constituait l’enceinte de l’ancien Grand séminaire, actuel musée.
• Septembre 2025 : La Tapisserie sera déplacée avec précaution dans un espace de réserve adapté, où elle restera en conservation surveillée jusqu’à son installation dans son nouvel écrin à l’automne 2027.
Ces étapes, organisées avec la plus grande précision, intègrent un suivi constant par des capteurs et un monitoring pour assurer la stabilité physique et chimique de la toile et des fils de laine.
Parallèlement à ce calendrier qui concerne des opérations de conservation autour de l’œuvre, un autre calendrier, celui des travaux du futur musée regroupe plusieurs interventions sur l’emprise urbaine du nouvel établissement culturel :
– Février-mars 2025 : Il est prévu l’abatage d’arbres sur le périmètre de la future construction et la démolition du bâtiment situé aux 15 rue aux coqs (anciennes réserves du musée). Cette amputation végétale sera compensée par la plantation sur site et hors site, de près de trois fois le nombre de spécimens supprimés.
– Fermeture au public du musée actuel le 31 août 2025. L’œuvre restera inaccessible pendant toute la durée des travaux. L’objectif partagé est de mener le projet pour une ouverture du nouveau musée de la Tapisserie de Bayeux en 2027, à l’occasion de la célébration du millénaire de la naissance de Guillaume le Conquérant.
– D’octobre 2025 à octobre 2027, après l’extraction de la Tapisserie de Bayeux pour la conserver en réserve, vont se dérouler les travaux d’extension et de réhabilitation.
Accolé au bâtiment de l’ancien Grand séminaire (musée actuel), un nouveau bâtiment accueillera la Tapisserie désormais installée derrière une vitrine, sur une table inclinée d’une longueur hors norme de 70 mètres. Ce dispositif de pointe permettra une présentation optimale, une conservation respectueuse et la restauration indispensable de l’œuvre.
La conception de ce support innovant, qui marquera un tournant dans l’histoire de la préservation de ce chef d’œuvre, a été confiée à un atelier de design spécialisé dans la fabrication de dispositifs techniques et artistiques sophistiqués. L’Atelier BLAM a notamment pu exposer son savoir-faire lors de la cérémonie d’ouverture des J.O. de Paris 2024, avec la création du cheval mécanique galopant sur la Seine.
Cette création inédite sera réalisée avec l’expertise de FL & CO, une société spécialisée en conservation préventive, mandatée par l’agence RSHP, responsable du projet architectural du futur musée.
Cet ambitieux projet à hauteur de 38 millions d’euros HT bénéficie d’un financement garanti par un contrat de plan interrégional État-Région (CPIER-CPER) dont la répartition se fait entre les quatre partenaires : l’État, propriétaire de l’œuvre, la Région Normandie, le Département du Calvados et la Ville de Bayeux.
Pour rappel, la signature en 2017 d’une convention de dépôt entre l’État, propriétaire la Tapisserie de Bayeux, et la Ville de Bayeux, définit les responsabilités de chacun : l’État est en charge des questions de conservation et de restauration pour assurer la pérennité matérielle d’un chef-d’œuvre unique au monde et la Ville de Bayeux a pour mission sa présentation au public, sa conservation préventive et le développement de sa connaissance.
