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Dans cet inventaire est décrit son usage en tant qu’objet de l’Église. La broderie racontant la conquête de l’Angleterre était tendue une fois l’an dans la nef et conservée le reste de l’année au revestiaire dans un coffre en bois. C’est ainsi que pendant sept siècles, ce chef d’œuvre est resté au sein de la cathédrale de Bayeux, presque anonyme. Aucun autre document n’en fait mention avant le début du XVIIIe siècle. Après la Révolution en 1794, La Commission des arts du district de Bayeux la saisit au nom de la Nation et assure ainsi sa protection. Selon une tradition locale bien ancrée, elle faillit être découpée en 1792 pour bâcher les chariots de soldats, et heureusement fut sauvée par un avocat, Léonard Lambert-Leforestier.
Au début du XIXème siècle, le Ministre de l’Intérieur, par l’intermédiaire du préfet du Calvados, sollicite le 23 brumaire an XII [15 novembre 1803], l’envoi de la Tapisserie de Bayeux à Paris pour qu’elle soit présentée durant quelques jours au Musée Napoléon. Le 28 novembre 1803, la Tapisserie est expédiée par diligence puis exposée dans la Galerie d’Apollon au Louvre du 6 décembre 1803 au 18 février 1804. Napoléon Bonaparte y aurait-il vu le moyen d’une propagande alors qu’il se préparait à l’invasion de l’Angleterre ?
A partir de 1812, la Tapisserie est conservée au sein de l’Hôtel de Ville de Bayeux. Elle est ordinairement tendue et exposée aux yeux du public tous les ans en septembre. Aussi, le concierge pouvait la dérouler progressivement aux yeux des visiteurs sur une table, en actionnant la manivelle d’un dévidoir, ce mode de présentation étant décrit à plusieurs reprises de 1814 à 1836 par des auteurs britanniques. A partir de 1842, elle est exposée pour la première fois en permanence dans la galerie Mathilde.