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Cela ne fait aucun doute, quand on analyse la technique utilisée, on peut voir que c’est celle de la broderie. La régularité du tracé du fil de laine révèle l’utilisation d’un guide, peut-être un dessin, sur la toile. Une tapisserie, au contraire, voit son décor résulter d’un tissage de fils à angle droit, l’image et le tissu prenant forme simultanément. Les tentures narratives qui étaient occasionnellement visibles de tous les fidèles, n’étaient pas seulement destinées à décorer les églises. Elles racontaient une histoire aux nombreux analphabètes de l’époque et pouvaient, comme pour la Tapisserie de Bayeux, devenir une œuvre de mise en mémoire d’un événement, justification d’une conquête victorieuse.
Contrairement à la vision romantique et populaire, ce ne serait pas la reine Mathilde accompagnée de ses dames de compagnie qui confectionna la broderie. On ne connaît pas l’auteur ou les auteurs de la Tapisserie de Bayeux. Pour une majorité d’historiens, Odon, évêque de Bayeux et demi-frère de Guillaume le Conquérant, aurait commandé cette broderie pour orner la nef de la nouvelle cathédrale Notre-Dame de Bayeux, dédicacée le 14 juillet 1077.
Les scènes de la Tapisserie de Bayeux sont brodées de fils de laine sur une toile de lin. Une analyse des colorants a déterminé que les plantes utilisées pour teindre la laine étaient le pastel, la garance et la gaude. Le pastel, plante commune en Europe, a pu produire l’indigotine, colorant produisant les différentes nuances de bleu utilisées sur la Tapisserie. Ce colorant n’ayant pas teint les fibres à cœur, certains motifs bleus sont décolorés. La garance produit par ses racines un pigment rouge ayant servi aux différents rouges de la Tapisserie : rosé, orangé ou brun. Quant à la gaude, elle était autrefois cultivée en Europe pour le colorant jaune qu’elle contient.
Les différents coloris employés soulignent tout au long de l’œuvre l’étonnant relief obtenu par l’utilisation de quatre points de broderie : le point de tige, le point de chaînette, le point fendu réalisé à deux fils et le point de couchage dit « point de Bayeux ». Ce dernier est employé pour le remplissage des plages colorées.
Si les couleurs d’origine de la Tapisserie de Bayeux ont assez peu varié avec le temps selon les teintes, celles des laines de restaurations, datant probablement de la fin du XIXe siècle, ont beaucoup pâli jusqu’à devenir blanches sur certaines scènes, notamment les scènes finales, très restaurées.
Contrairement à la vision romantique et populaire, ce ne serait pas la reine Mathilde accompagnée de ses dames de compagnie qui confectionna la broderie. On ne connaît pas l’auteur ou les auteurs de la Tapisserie de Bayeux. Pour une majorité d’historiens, Odon, évêque de Bayeux et demi-frère de Guillaume le Conquérant, aurait commandé cette broderie pour orner la nef de la nouvelle cathédrale Notre-Dame de Bayeux, dédicacée le 14 juillet 1077.
Œuvre de propagande pour une conquête victorieuse ? La Tapisserie de Bayeux est certes un témoignage précieux et unique de l’époque médiévale du 11ème siècle mais elle n’en est pas moins une œuvre d’art textile exceptionnelle, par ses dimensions et ses techniques de création. Avec seulement dix couleurs de fils de laine sur une toile de lin, les créateurs de cette œuvre, riche en détails et en enseignements historiques, sont parvenus à suggérer le mouvement, avec par exemple une cavalerie qui s’élance de plus en plus vite pour la bataille, ou encore la profondeur et le relief avec des couleurs différentes utilisées pour les jambes des chevaux.